Pia - art, histoire et mode

Il y a quelques mois je me suis engagée dans une passionante aventure : participer à l'organisation d'un week-end d'évocation de la cour de Louis XV à Fontainebleau vers 1750.

" Au printemps, l’exposition « Louis XV à Fontainebleau » ressuscitera la « demeure des rois » au siècle des Lumières, en évoquant les domaines de l’architecture, du décor intérieur, mais également du mobilier et de l’art de vivre, fruits d’un demi-siècle de présence royale assidue. Un grand week-end de reconstitution historique mettra en scène la vie d’une cour, qui a connu à cette époque un raffinement inégalé." Programme détaillé

Si accompagner une soixantaine de personnes dans la réalisation d'un costume est un véritable enjeu, je n'en oublie pas que j'ai également deux costumes à réaliser, deux robes à la française en quelques semaines.

Pour ma puce, une robe de satin saumon clair avec des sourcils de hanneton et la mienne avec une décoration de passementerie argent.

J'ai ressorti de mes placards un joli tissu chiné sur un vide-grenier. Un vrai plaisir car j'ai mis du temps à le trouver et du temps à me lancer pour réaliser un costume.

J'ai passé le pas cette semaine : coupe et assemblage en cours !

Test de décoration version dentelle argent.

Si vous faites de la reconstitution avec vos enfants vous vous êtes vite rendus compte que si la logistique reste la même que pour le quotidien, certains détails posent questions côté costume.

Tout d'abord le bambin est-il d'accord pour vous accompagner ? Indispensable à mon avis !

• expliquer en amont la tenue, montrer des sources et de l'iconographie qui prouvent que vous n'êtes pas un parent indigne qui l'affuble de tenues étranges sans raison.
• faire participer au choix des couleurs, du tissu, des accessoires
• et le jour J, prévoir des activités adaptées et des instant "off". En fin d'événement, ne pas hésiter, selon l'âge partir à temps sinon on se gâche son plaisir
• ensuite penser à faire un petit bilan, montrer des photos....

Pour réaliser le costume historique se pose la question : tricher ou pas ?

• coudre histo ou machine ? Hé oui, il faut penser à la résistance à la traction, les enfants grimpent dans les arbres dans toutes les tenues.
• choisir un tissu se lavant à la machine ou pas ? Il est vérifié que l'on se roule très bien dans de l'herbe avec une tenue en soie
• choisir des techniques de fermetures histo ou pas ? La ceinture élastique et le bouton pression peuvent être anachroniques mais tentants.
• porter des sous-vêtements historiques ou pas ? Porter un corps (corset), un pantalon au XIXe.... et là se pose la question du confort, du passage aux toilettes.....
• quelles chaussures ? Quand on est une journée debout il faut penser à la fatigue et aux ampoules.....

Après retour d'expérience :

• les plus du costume réalisé de manière strictement historique : c'est histo... voilà, voilà
• les moins : confort et entretien

C'est donc une question de choix, selon l'âge du bambin, de type d'événement, la météo,... et puis ce qui ne se voit pas. Recommandation : attention, si votre bambin prend le pli, il sera le premier à s'offusquer du t-shirt caché sous sa tenue, de l'absence de poches pour sa tenue 18ème et réclamera des vrais bijoux, donc préparez vous à ce qu'il soit le plus exigeant des reconstitueurs.

Pour retrouver Venise en costume en 2014, j'ai créé de deux nouvelles tenues :

• Costume de scène sur le thème de l'eau.

• Robe directoire rouge

J'ai aussi "recycleé" des tenues existantes car les porter à Venise, c'est un vrai plaisir.

• Robe bleu 1830 : déjà portée mais à laquelle j'ai ajouté des manches car il fait frais à Venise.

Oui il ne faut pas prendre au sérieux...

• Ensemble 1879

Photo Jean Helou

Je vais donc détailler dans deux prochains billets le costume de scène et la robe directoire. Au travail !

Même si c'est la course contre le temps, je prépare un retour sur les tenues portées pensant ce carnaval à Venise :

- tenue de voyage 1890 (ancienne tenue)

- tenue de spectacle Louis XV sur le thème de l'eau (peinte à la main et au pochoir)

- tenue 1830 bleu en version manches logues (V4) pour un thème conte de fée.

- tenue 1790, robe à rideau en soie rouge pour un thème faune et flore.

Avec des photos des étapes... A bientôt !

Voici donc la nouvelle tenue fin XVIIe siècle portée à l'occasion de la journée Grand Siècle de Vaux-le-Vicomte.

Le bonnet à été réalisé à partir du tissu ancien chiné en vide-grenier car je n'en ai pas trouve de similaire neuf, pas assez fin ni tissé assez serré... À partir de ce mini coupon j'ai réalisé un fond rond, une passe circulaire ornée d'un petit volant. Cela ressemble à une charlotte. J'ai ensuite travaillé les dentelles : lavage, amidonnage, repassage, fronces et montage. La plus grande pièce fait plus de trois mètres. J'ai double la largeur en la cousant bord à bord. Aux extrémités j'ai fronce et formé des rosettes pour réaliser les barbes du bonnet. Pour obtenir des range de différentes hauteurs j'ai ajouté un petit volant sur le devant et un plus haut pour la partie centrale soutenue par une petite armature métallique. Pour la décoration : des rubans ancien rappelant la couleur de la robe.

Pour le reste de la tenue, j'ai réalisé une jupe, couleur brique et une mantua. Ce manteau de robe est en lainage, entièrement doublé de bleu. Je me suis inspirée du relevé que l'on trouve chez J. Arnold. Le choix du lainage a été judicieux : ni chaud, ni froid mais le poids de la tenue est important.

J'ai réalisé pour ma fille une robe pour une sortie "Romantique" à la maison de Chateaubriand à Châtenay-Malabry. En m'inspirant d'iconographie et du recueil de J. Arnold j'ai réalisé un ensemble comprenant : robe, pantalon et jupon, entièrement réalisés à la main.

j'ai tout d'abord réalisé une toile adaptée :

La forme ronde est la toile de la manche ballon : un cercle avec une ouverture proche du bord. Pour avoir un joli volume, il vaut mieux faire des essais et trouver la taille idéale, cela prend une quantité de tissu non négligeable.

La première partie de la tenue est composée des dessous : pantalon, et jupon (une chemise déjà existante a été réutilisée). Ces deux éléments ont été fabriqués dans un tissu de coton et bordés de broderie anglaise. Le pantalon comporte des plis religieuse dans sa partie visible.

Le tissu de la robe est un coton léger. Les rayures facilitent la régularité des plis. Les plis du devant de la robe sont recousu à l'intérieur à la façon de smocks.

Photo Luc Morel

Et voici la tenue complète avec le chapeau de paille. C'est une tenue très facile à porter pour les enfants grâce à sa jupe courte.

Coudre à la main, le bilan des différents essais :

Les réalisations : Robe empire, robe 1600, robe 1760, cape 1770, chemise 18e, corset 18e... une production décente. Mais j'ai également des réalisations mixtes en cas urgence avec des grandes coutures réalisées à la machine.

Les tissus : Voile de coton : facile, le velours un peu moins et les multiples épaisseurs : cals, ampoules et perforations des doigts à la clé si l'on utilise pas de dé.

Les plus :

• C'est silencieux, notre entourage, le chat et les voisins se plaignent moins.
• On prend le temps. Une véritable activité relaxante qui, accompagnée de musique, se révèle un vrai délice.
• Les finitions sont de meilleures qualité.
• C'est histo si on veut coudre avec les techniques d'époque donc pour des tenues avant 1850.
• C'est moins encombrant qu'une machine à coudre.
• On peut arriver à coudre dans les transports pour optimiser son temps.

Les moins :

• Coudre c'est long ! Activité chronophage.
• C'est addictif, sisi essayez donc.
• On peut avoir vraiment mal car utiliser un dé pou ne pas se mutiler : pas gagné pour moi !
• Le retour à la machine à coudre est difficile voire désagréable.

• Et le pompon : on peut passer pour ce que l'on est (ou pas) : extrémiste, puriste, maso, patient........

Voici une des dernières réalisations "cousues main".

Coudre pour aller au carnaval de Venise c'est bien, mais s'il on a une jolie idée qui correspond à un thème partagé avec des amis, il faut aussi penser contraintes : température extérieure, marche intensive...

Pour cette année 2013, j'étais résolue à ne pas avoir froid et coudre raisonnablement pour dormir avant le départ. J'ai donc décidé de m'aventurer vers le début du XIXe siècle. J'avais donc choisi pour le thème bleu de réaliser une pelisse et un chapeau. Cette tenue est destinée à aller avec ma robe bleu portée pour le bal d'Aix qui est plutôt 1840.

J'ai donc choisi de travailler un tissu moiré bleu marine et de le doubler pour les manches et le haut de polaire pour ne pas mourir de froid.

Le bilan est très positif de cette expérience :

• malgré la multitude de plis canons, la couture main a été rapide.
• la tenue était très chaude malgré la robe à manche courtes e n'ai pas eu froid
• la pelisse et la jupe étant courtes, c'est une tenue confortable et adaptée aux marches des petit ponts vénitiens

Nous avons organisé avec le Ministère des modes une conférence sur le thème du Vêtement parfumé. La conférencière, Annick Le Guérer nous a présenté une histoire du parfum et du vêtement de l'antiquité au 20ème siècle. Grâce à une vaste iconographie et un vingtaine d'échantillons elle a souligné le lien intime entre les parfums et le vêtement, les accessoires. De quoi envisager la reconstitution de tenues historique sous un nouveau jour.

Ses ouvrages : Le parfum : Des origines à nos jours et Les Pouvoirs de l'odeur chez Odile Jacob.